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mardi 8 mai 2018

Pu Combo, 2eme partie les débuts de la revolte de 1866 en Cochinchine avec Assoa, autre prétendant, (extraits principalement de l'histoire du camobidge de Moura)


 Le 23 avril 1865, un Cambodgien se présentait devant l’administrateur de l’arrondissement français de Tayninh pour lui demander l’autorisation de s’établir sur son territoire. Il se disait issu de la famille régnante au Cambodge et petit-fils du roi Ang-Chan. Il racontait l’histoire de ses malheurs et les motifs qui l’avaient fait éloigner et se tenir caché pendant trente-deux ans dans le Laos. Cet individu se nommait Pucombo. 

Naturellement crédules, les Khmers fixés dans les environs de Tayninh témoignèrent de suite à cet intrus beaucoup de déférence, et ils lui construisirent à leurs frais et de leurs mains une habitation. Le gouverneur de la Cochinchine, instruit de l’ascendant que Pucombo exerçait déjà sur les indigènes, ne voulut pas le laisser habiter si proche de la frontière et il le fit venir à Saïgon, où il mit à sa disposition un logement et quelques secours, car il était absolument dénué de tout. Pucombo ne fut pas pris au sérieux à Saïgon, où l’évêque, qui avait habité très longtemps le Cambodge, affirma que le roi Ang-chan était mort sans laisser d’enfants mâles.

Dans les premiers jours de juin 1866, Pucombo, qui était interné à Saïgon, parvint à s’échapper et à se rendre à Tayninh, au milieu de la population cambodgienne qui l’avait si bien accueilli autrefois, et qu’il réussit sans peine à soulever et à s’en faire des partisans. Il y a avait là environ deux mille Khmers, qui avaient quitté le Cambodge à la suite des troubles qui suivirent l’avènement au trône de Norodom et qui étaient très disposés à seconder tous les efforts tentés en vue de renverser ce prince du pouvoir. le 7 juin 1866, M. l’administrateur français de Tayninh (capitaine Savin de Larclause, inspecteur de la région), qui s’était rendu au milieu des mutins avec une faible escorte (20 hommes), fut assailli à coups de lance et tué par eux ainsi qu’un lieutenant et toute son escorte et plusieurs de ses soldats ; les autres Français ne se dégagent qu’à grand peine, et la garnison du fort, peu nombreuse, doit se borner à en défendre les approches).
Quelques jours après, une colonne française commandée par le colonel Marchaise chargé de poursuivre les opérations, arrive le 14 juin après une marche pénible, avec 150 soldats et deux canons et s’aventure dans la vase et les grandes herbes de la contrée en cherchant les rebelles, fut surprise. Il engage une lutte disproportionnée contre des forces écrasantes et tombe mortellement blessé avec 10 de ses hommes. Plusieurs hommes dont une dizaine d’européens déployés en tirailleurs furent massacrés, ainsi que le chef de la colonne qui se trouvait au milieu d’eux. La retraite de la colonne vers le fort eut pour conséquence une agitation considérable qui se propagea jusqu’aux environs de Saigon. Cette circonstance malheureuse contribua à accroitre le prestige de Pucombo et à lui attirer beaucoup de partisans, à l’aide desquels il parcourut la longue carrière que l’on va voir.
Les indigènes eurent un moment l’audace de menacer la ville de Saïgon. Les chefs annamites, qui s’étaient cachés, reparurent Le fils du Quan-Dinh rejoignit PuCombo ; l’on fut obligé à Saïgon, d’armer les malades qui traversèrent la ville en costume d’hôpital, le fusil sur l’épaule, pour aller prendre leur poste de combat. Il fallut en juillet, faire une véritable expédition pour débarrasser la colonie des bandes cambodgiennes.
La garnison de Tay-ninh est alors portée à 500 soldats sous les ordres du chef de bataillon Alleyron ; celle de Tran-Bang est également renforcée, des navires sont placés en station dans le Vaïco oriental pour soutenir les mouvements des troupes, et une surveillance étroite est prescrite dans toute la colonie, même à Saïgon.
Ces précautions ne sont pas inutiles, car le bruit des récentes affaires s’est répandu partout ; les chefs des insurgés annamites ont rejoint Pucombo, et leurs émissaires sont trouvés jusque dans les rues de Saïgon. Le capitaine de vaisseau Lejeune prend le commandement de la ville, dont la garnison est augmentée des compagnies de débarquement des navires ; les malades capables de tenir un fusil sont envoyés en costume d’hôpital à leurs postes de combat.
Voyant Saïgon et Cholon bien défendus, les rebelles n’osent pas les attaquer ; mais dans la nuit du 23 au 24 juin une forte bande s’introduit à l’intérieur du fort de Tong_Keou, à 20 kilomètres de Saïgon, en escaladant sans bruit les parapets de l’enceinte. Les officiers réussissent à grouper leurs hommes – 50 tirailleurs indigènes et 16 spahis – dans un angle du fort, et la petite troupe se défend par des feux de salve jusqu’au jour ; alors une charge à la baïonnette refoule les assaillants, les spahis commandés par le lieutenant Haillot montent à cheval et les sabrent. L’affaire a tourné mal pour les rebelles, mais nous avons 2 tués et 7 blessés.
Une bande nombreuse, qui tient les marais de la région de Tran_Bang, est dispersée le 27 juin, par l’attaque simultanée de deux colonnes, l’une de 300 soldats et l’autre de 100 marins, que commandent respectivement le chef d’escadron de marine Roches et le lieutenant de vaisseau Remiot-Lerebours.
Dans les premiers jours de juillet 1866, la population de la province de Baphnom, peu éloignée du lieu où s’étaient accomplis les faits que nous venons de rapporter, faisait déjà cause commune avec les rebelles. L’horizon s’assombrissait de ce côté avec une telle rapidité que le gouverneur de la Cochinchine, afin d’être prêt à faire face aux événements qui pouvaient survenir, dut diriger en hâte sur Tayninh des forces considérables toutes prêtes à entrer en campagne.
C’est une vraie expédition que le commandant Alleyron dirige contre Pucombo dans la région de Tra-Vang, au nord de Tay-Dinh.
Plusieurs canonnières, sous le commandement supérieur de M. Hardy, lieutenant de vaisseau, furent échelonnés dans le Vaïco oriental, afin de contribuer avec la troupe à contenir le mouvement et à l’empêcher de s’étendre de notre côté.


Lorsque Pucombo apprit ces concentrations, il s’éloigna et trouva partout sur son passage les populations disposées à le suivre. Ce fut alors qu’il conçut l’espoir de conquérir le royaume et de s’emparer du pouvoir suprême. Le moment était certes opportun pour mettre à exécution un projet aussi gigantesque, et Pucombo était homme à obtenir le résultat visé, s’il ne nous eût pas rencontrés sur son chemin.
(fin 2eme partie)