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samedi 22 décembre 2018

1885 - 1885 - L'insurrection régions de Kompong-Svay, Tbaung-Khmum, Kratié, Sambor partie 2 : Application de la convention du 7 juin 1884 dans la région de Kratié

Application de la convention du 7 juin 1884 dans la région de Kratié
(extrait de la monographie de la province de Kratié – 1908 - Adhémard Leclerc)
La province de Kratié fut l’une des huit provinces fondées le 27 octobre 1884, par M. le gouverneur de la Cochinchine Charles Thomson et publie au Journal officiel de la Colonie dans son numéro 100, daté du 16 décembre de la même année. Cette décision, on le sait, était prise en exécution de la convention (art.1, 2, 3, 4, 5, 6 et 10) passée à Phnôm-Penh, le 7 juin 1884, entre sa Majesté Norodom, roi du Cambodge et le représentant de la République française, M. Charles Thomson, alors que M. Klobukosky était directeur de l’intérieur et M. Fourès, représentant du Protectorat par intérim, en l’absence de M. Aymonier, en mission au Laos.

Nouvelles provinces de 1884
Au texte de cette décision, la nouvelle province de Kratié était composée de cinq anciennes provinces et formait deux arrondissements : Sâmbaur et Sâmbok, qui formaient l’arrondissement de Sâmbaur ; Kratié, Kanchor et Chhlaung, qui composaient l’arrondissement de Kratié (art. 2 de la décision).
Anciennes provinces









Un résident devait être installé au chef-lieu de la nouvelle province et un vice-résident au chef-lieu du second arrondissement.
M. Jules-Victor Rénaud, capitaine d’infanterie de marine, administrateur des affaires indigènes de Cochinchine, fut, par décision datée du 8 novembre 1884, mis à la disposition de M. Fourès et désigné pour l’administration de la province de Kratié (Journal officiel de Cochinchine, 18 novembre 1884, p 1341).
Nommé le 8 novembre à la résidence de Kratié, M. Rénaud ne prit possession de son poste qu’un mois après, le 6 décembre 1884. C’est la canonnière Le Coutelas qui l’y transporta. 
 Le lendemain, l’Aigle mouillait devant Kratié et débarquait M. Bidet, secrétaire de résidence et 60 miliciens annamites, recrutés à Phnom-Penh parmi les vagabonds et qui devaient causer mille ennuis, déserter, voler, troubler la petite ville de Kratié pendant deux ans.
Aucune installation, même provisoire, n’existait et M. le résident Rénaud dut s’installer à la Régie, chez le préposé, M. Mothe. M ; Rénaud y installa les bureaux et son secrétaire. «  Nous avons chacun une chambre, servant en même temps de bureau » écrivait-il le 14 décembre.
Les miliciens annamites furent placés dans deux maisons abandonnées et les interprètes dans une troisième maison qu’on acheta 35 piastres et qui se trouvait dans le terrain aujourd’hui occupé par le parc de la résidence.

Ce terrain immédiatement désigné comme favorable à une installation définitive, bien abrité et suffisamment planté de beaux manguiers, vaste et plat, fut évacué par l’ex-oknha Pén, ancien gouverneur, et par sa famille. Ils démolirent leurs maisons, emportèrent les matériaux et furent s’établir un peu plus bas. Ils ne réclamèrent aucune indemnité et on ne leur en proposa point.
Les miliciens et quelques ouvriers cambodgiens furent mis sur le terrain dégagé et en entreprirent le débroussaillement et le défrichement.
Pendant ce temps, le gouverneur rassemblait les corvéables et faisait couper 360 colonnes pour la future résidence dont l’entrepreneur Baud avait entrepris la construction au prix de 8400 piastres, conformément au cahier des charges annexé à un marché de gré à gré passé à Phnom-Penh, entre l’entrepreneur et le représentant du Protectorat, le 30 octobre 1884.
 Le 13 décembre, M. Rénaud rassemblait les fonctionnaires indigènes des cinq anciennes provinces formant la nouvelle province de Kratié, choisissait ceux dont il avait besoin pour administrer et adressait au représentant du Protectorat, à Phnom-Penh, une série de propositions tendant à l’investiture des mandarins choisis par lui.
Le bureau télégraphique dont la création avait été décidée était également installé à la Régie et M. Combaluguen, télégraphiste, était alors occupé à Sambor à l’installation d’un nouveau bureau, près du poste militaire, alors commandé par M. le lieutenant Bellanger.
Les mandarins choisis par le Résident de Kratié « paraissaient satisfaits et dévoués au nouveau régime » (dép. télégr. 13 décembre 1884), la province était très tranquille : Votha, au nord, sur la frontière du Laos, paraissait seul s’agiter un peu, mais rien encore ne décelait ses intentions. Cependant et à tout hasard, M. Rénaud prescrivait au lieutenant qui commandait le poste de Sambaur « de faire de fréquentes tournées dans le haut fleuve avec 10 ou 12 hommes, d’en prescrire la sécurité aux habitants peu nombreux de ce parage ». (Rapport du résident de Kratié au gouverneur à Saïgon n°4, daté du 14 décembre 1884). Son intention, de plus, était de monter lui-même à Sambaur, afin de s’entendre avec le commandant du poste et de lui indiquer la ligne de conduite à suivre.


On s’occupait alors de faire arrondir et raboter les colonnes fournies par le gouverneur de la province de Kratié, de transporter de Phnom-Penh les matériaux qu’on ne pouvait se procurer sur place et de creuser les trous qui devaient recevoir les colonnes ; on nageait enfin en pleine sécurité et les habitants se massaient à l’ombre de notre pavillon, lorsque les gens de Votha parurent à Sambaur.