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vendredi 19 juillet 2019

1885 - L'insurrection régions de Kompong-Svay, Tbaung-Khmum, Kratié, Sambor partie 8 : Réoccupation de Sambaur.


Le 11 janvier






Six Cambodgiens armés de fusils gras, commandés par M. Pavie et le balat de Kratié, montés sur quatre éléphants, partaient pour Sambaur, pendant que six pirogues emportaient MM. Bidet, Launay, un sergent français, un sergent annamite, huit tirailleurs et douze Cambodgiens.


L’objectif était de gagner Sambaur, de retrouver le corps du Lieutenant Bellanger qu’on croyait abandonner dans la rizière et de le ramener à Kratié. 

Ayant appris au Prêh-Kampi que Sambaur avait été réoccupé par les rebelles, cette colonne mi terrestre mi fluviale redescendit à la résidence. 

Cette retraite produisit la plus mauvaise impression dans le pays et une bande de cinquante rebelles parut à Kabal-Chnor, à mi-route de Sambaur et de Kratié. 
Le bruit se répandit aussitôt que les rebelles allaient attaquer la résidence. Il était indispensable de prendre une revanche de l’affaire de Sambaur. 
Les canonnières la Sagaie et l’Escopette reçurent l’ordre de demeurer dans les eaux de Kratié.



Le 14, une colonne, placée sous les ordres du capitaine Felicité et accompagnée du résident Renaud, quittait Kratié à 5h30 du matin et occupait Sambaur, absolument dévasté, le lendemain matin.
Le pays était tranquille nous écrit M. Pavie (Géographie et voyage I),la bande ayant disparu depuis le jour même de l’affaire. Dans ce village, où j’avais, quelques semaines auparavant, fait la connaissance du malheureux lieutenant, nous arrivions nombreux comme pour donner plus de solennité à ses funérailles. Il y avait une section d’infanterie de marine, une compagnie de tirailleurs annamites et une troupe cambodgienne avec des éléphants.
Bellanger avait été tué à vingt pas du poste, en se jetant seul, le revolver à la main au-devant de la bande, un coup de sabre emmanché au bout d’un long bambou, le frappant à la ceinture, l’avait presque coupé en deux. Nous trouvâmes son corps sous quelques pouces de terre à la place où il était tombé, il y avait été enterré par un chinois du village qui lui avait religieusement placé le képi sur la tête. Chose navrante, à notre arrivée, le capitaine de la colonne avait pris ce chinois pour un des assaillants du poste, resté en arrière, et l’avait tué d’un coup de revolver.
L a tombe du lieutenant Bellanger trouvée, son corps était reconnu et l’inhumation définitive était militairement faite le jour même, au sud-ouest du poste, sur le bord du fleuve.
C’est cette tombe qu’on peut apercevoir du paquebot quand on vient du Sud et qu’on arrive à Sambaur. Elle est maintenant au nord-ouest de la maison du garde forestier, construite depuis sur l’emplacement du fort (Monographie de la province de Kratié - 1908 - Adhémard Leclerc).
Le 14 janvier les autorités civiles et militaires françaises semblent croire que la situation est rétablie. Or l’insurrection ne fait que commencer.