En
1572-1573, bataille navale entre laotien
et khmers à proximité de Chhlong ? :
Voulant
agrandir son royaume vers le Cambodge, Le roi du Laos défiait en 1573, le
roi
Khmer par un combat d’éléphant dont l’enjeu était leur royaume respectif.
L’éléphant
du roi Khmer sort vainqueur de ce duel.
Le
roi exige la reconnaissance de sa suzeraineté sur le Laos ce que refuse son
roi.
Sachant
le royaume Khmer en guerre avec le SIAM, le roi du Laos décide d’attaquer. Sa
flotte descendra le fleuve Mékong pour affronter la flotte Khmer aux environs
de Chhlong (Prek Prasab) où elle sera défaite tandis que le roi du Laos sera vaincu à la tête
de son armée dans la province de Kompong svay (à proximité de la colline d'Asanduk).
Voici le détail de cette
guerre qui n'est relatée que dans les Chroniques royales Cambodgienne (traduite par M. Khin Sok) et n’a
pas été retrouvée dans les annales du Laos.
En
1568 (930 de l’ère Culla, 1490 çaka) Paramaraja, âgé de 51 ans, monte sur le
trône. Il résida dans la capitale Lovek. Son fils ainé Brah Sattha était âgé de
26 ans, son fils Brah Sri Suriyobarna était âgé de 24 ans.
En
1569, l’année suivant celle de son sacre, il décide d’attaquer le Siam pour
reprendre les provinces annexées par celui-ci au temps de son père. Il attaque
le SIAM par la voie maritime où ses généraux prendront les provinces de
Candapura, Rayan, Sak Sieh Sau, Narioen. Par voie terrestre il soumit les
provinces de Pascina et de Nan Van et continua sur Aydhya dont il fit le siège
avant de se replier à cause des fièvres lié à la saison des pluies. La guerre
reprend l’année suivante (1570) par la prise de la province de Nagara Rajasema.
Le roi résidait alors à Kamban Krasamn près de Nagara Vatta (Angkor Thom) où
ses chefs d’armée le rejoignirent. Son fils Brah Sattha résidait à Lovek pour
veiller sur le palais royal.C’est alors en l’année du singe, 1572 de l’ère
chrétienne, le roi du Laos Sri Sattana Gunhut soucieux d’agrandir son royaume
souhaite attaquer le Cambodge et le soumettre mais les prétextes manquent.
Un de ses ministres lui
propose alors : « Nous possédons un éléphant de guerre très puissant
appelé Phlay Sin Tu ; nous proposerons un combat d’éléphants avec
l’auguste pays pour enjeu. Si nous sommes vainqueurs, le Kambuja doit être
soumis. Si nous sommes vaincus, le peuple de Kambuja n’osera pas nous attaquer
car il laisserait son pays sans garde face au Siam. »
Le
roi du Laos approuva et chargea deux ministres accompagné de mille soldats de
conduire l’éléphant au roi Khmer avec 4 paires de défenses d’éléphant, 2 cornes
de rhinocéros, un plateau à pied en or, un bassin d’or et dix queues de yak.
Ils descendirent par la
route de Sdih Traen et arrivèrent à la limite de la province de Tpun Ghum puis
à la rive occidentale. Alors le gouverneur de la province de
Sampurna qu’il venait de traverser arrêta l’éléphant et les soldats et fit un
rapport au gouverneur de la province de Tpun Ghmum.
Des
messagers conduisirent les deux ministres laotiens et dix soldats auprès de
Brah Sattha à Lovek. Le roi avertit, retourna à Lovek où il reçut les deux
ambassadeurs. Il prit connaissance du défi lancé par le
roi du Laos.
Le roi du Kambuja, pris par la guerre contre le Siam accepta le
défi. Il envoya les ambassadeurs, les dix soldats et l’éléphant sur la colline d’Asanduk.
Durant
les jours suivants, on choisit un éléphant nommé Gujja Vai Han Kla et
entrainèrent l’animal.
Le
roi du Kambuja rejoignit la colline d’Asanduk et fixa le lieu du combat.
Le combat commença.
L’éléphant
du Kambuja dont les défenses étaient les plus longues perça l’éléphant laotien
juste sous la protection de ses défenses.
L’éléphant
laotien se retira vers l’Est, il le poursuivit et donna encore deux coups dans
la croupe de son adversaire qui barrit très fort.
L’éléphant
laotien vaincu, le roi du Kambuja demanda aux ministres laotiens ce qu’ils en
étaient de la promesse de leur roi. Les ambassadeurs lui demandèrent la
permission de se retirer pour rendre compte au roi du Laos.
Le
roi du Kambuja accepta et leur demanda de lui apporter le message et le tribut
de vassalité comme promis.
Le
reste des soldats laotiens furent confié au gouverneur de la province d’Asanduk
tandis que le roi allant dans la province de Kampong Svay ordonna au gouverneur
d’y construire une citadelle et de veiller sur la province.
Il
descendit sur la berge pour s’embarquer et appela cet endroit Kamban Dham et
revint dans son palais.
Ensuite
le roi demanda aux gouverneurs des provinces des rives orientales et
occidentales de construire des citadelles, de réquisitionner la population, de
nommer des chefs, d’entrainer les soldats pour se tenir prêt à combattre
l’armée siamoise ou l’armée laotienne.
Les
deux ministres laotiens et les dix soldats conduisirent l’éléphant et arrivèrent
à la ville de Malan Prades. Ils
rendirent compte au roi Sri Sattana Gunhut.
Le
roi dit alors :
« Nous
n’acceptons pas de nous soumettre au roi Khmer, car nous sommes un auguste et
grand roi indépendant. En plus, nos soldats sont nombreux. Pourquoi craindre les soldats
khmers ? Maintenant le moment est propice. Les Khmers sont occupés avec le
Siam. Si nous levons une armée pour les combattre, il est sûr que nous les
soumettrons facilement. »
Puis
le roi ordonna de rassembler tous les soldats, les vivres, les éléphants et les
chevaux.
En
l’année du Coq (1573 AD.), le roi du Laos chargea Bana Uppahattha (ou Maha
Uparaja ) de conduire une armée de 50000 hommes par le grand fleuve (le Mékong)
et de suivre la route de la province de Sampurna.
Le
roi du Laos, en personne, conduisit une armée de 70000 hommes (ou 100000
hommes) par voie terrestre, avec 500 éléphants de guerre et 1200 chevaux. Il
nomma Bana Surivansa, chef de l’avant-garde, Surinda Ghvan Eva, chef de l’aile
droite, Bana Mihi, chef de l’aile gauche et Bana Mioen Lik, chef de l’arrière
garde. Il descendit vers la province de Bram Deba.
Alors,
un serviteur du gouverneur de Bram Deba fut chargé d’aller prendre les
renseignements au Laos. Les
ayant obtenus, il envoya une lettre au gouverneur. Celui-ci chargea un
serviteur d’apporter la lettre aux généraux afin de les informer.
Ces
derniers rapportèrent la chose à Sa Majesté.
Sa
Majesté dit :
« Le
roi du Laos a envoyé son armée par deux chemins. C’est une outrecuidance !
Il n’a aucune des vertus royales ! S’il n’accepte pas de se soumettre, au
moins qu’il se tienne tranquille. Mais non, maintenant, il lève encore son
armée contre nous ; il sera surement vaincu.»
Le roi nomma Brah Satta,
son fils ainé, chef de l’armée chargé de rassembler la population des rives
orientale et méridionale, depuis la province de Brah Trabamn. Il en rassembla
30000, puis mena son armée par voie fluviale pour livrer bataille à l’Uparaja
laotien.
Sa
Majesté chargea Brah Sri Suriyobarna, son fils cadet, de recruter la population
des provinces de Bodhisat et de Pat Tampan ; il parvint à rassembler 20000
soldats, 150 éléphants, 500 chevaux, 100 buffles, il conduisit l’armée en
suivant la route de Nagara Vatta. Il passa dans la province de Kamban Svay pour
se tenir prêt à attaquer par derrière.
Il
chargea Bana Udaidhiraja, gouverneur de la province d’Asanduk de rassembler la
population des provinces du Nord.
Bana
Arjun de rassembler la population des provinces de l’Est et d’aller livrer
bataille dans la province de Sampuk.
Quant
au roi en personne, il donna l’ordre de rassembler toute la population de la
rive occidentale ; il avait recruté 500 éléphants, 2000 chevaux et 50000
soldats. Il conduisit ses quatre armées et continua sa route vers la colline
d’Asanduk. Il donna l’ordre d’y construire une solide citadelle.
Le Cau Baha Udaidhiraja, ayant trouvé
que l’armée laotienne était trop nombreuse, abandonna le combat et ramena toutes les failles dans la
citadelle d’Asanduk.
Bana Arjun replia son armée et se
tint prêt à combattre dans la province de Tpun Khmum
L’armée
du roi du Laos arriva dans la province d’Asanduk. Cau Bana Udaidhiraja se hâta
de faire monter ses soldats sur la citadelle et de se tenir prêt au combat. Le
roi du Laos, sur son éléphant, excita aussi ses soldats à livrer bataille. Les
soldats réussirent à prendre la citadelle. Les soldats khmers furent vaincus et
se dispersèrent. Cau Bana Udaidhiraja s’enfuit de la citadelle et rencontra l’armée
du roi. Il rendit compte à S.M. de tout. Le roi pardonna à Cau Bana Udaidhiraja
car l’armée laotienne était conduite par le roi.
L’Uparaja laotien qui avait conduit une armée par voie fluviale, ne voyant
pas d’armée khmère qui remontât pour lui livrer bataille. Il fut pris de doute.
La
population riveraine fuit toute entière dans la forêt.
L'Uparaja laotien
conduisit son armée à la hâte jusqu’à la province de Sri Sajhar.
Il
ordonna de mouiller les barques de guerre dans un braek à l’abri des vents et
des flots.
Alors, Brah Sattha leva une armée fluviale et s’en approcha.
Ayant
appris que l’armée laotienne s’était arrêtée dans le braek pour s’abriter du
vent, il chargea Brah Deba Vara Jun Huot de conduire une armée de 5000 hommes
et de remonter pour attaquer l’armée laotienne par une rive.
Le prince (Brah
Sattha) conduisit une armée par voie fluviale et se tint prêt à attaquer à
l’embouchure du braek et à leur barrer la route, empêchant les laotiens de
sortir.
Il chargea son homme de confiance, Cau Bana Puk, d’emmener une armée de
5000 hommes, de remonter pour combattre sur l’autre rive.
La nuit, les armées
des deux camps passèrent à terre et tirèrent des coups de fusil, chacune de
leur côté. L’armée laotienne s’affola et se mit à pagayer vers le large. Les
soldats khmèrs bondirent de leurs barques, tailladèrent et mirent à mort
beaucoup de laotiens.
Ceux d’entre ces derniers qui parvinrent à l’embouchure,
rencontrèrent l’armée de Brah Sattha. Le prince donna l’ordre aux soldats
d’attaquer ensemble par devant et par derrière, de sabrer et de mettre à mort
les soldats laotiens en grand nombre. Les cadavres flottèrent sur tout le
braek, on avait ramassé des barques de guerre, des armements et beaucoup de
prisonniers de guerre laotiens.
Nota : Une
autre version de la bataille est donnée dans la même chronique traduite
par M. Khin Sok, elle fait l'objet de la note 666 tiré de la chronique
DV t.XX p.10. Dans
cette version c'est le roi arrivant dans la province de Kratié qui
défait l'armée fluviale en utilisant des radeaux enflammés construit à
partir des habitations des riverains. Les radeaux descendirent le Mékong
et obligèrent les laotiens à débarquer et où ils furent surpris par les
khmèrs et défaits. Elle ne fait pas allusion à Brah Sattha. Est-ce un
combat qui s'ajoute à celui de Brah Sattha ou une autre version ?? Dans
cette version qui n'évoque pas le braek Prasabva, le roi après la
bataille alla dans l'ile de Gok Khsac où il tyrouve un prisonnier
laotien qui lui paraissait très beau. Il lui demanda "Qui est ton père
?" Le nommé Cau Riem lui répondit : "Je suis le fils de l'Uppahattha
Surivansa". Alors sa Majesté lui fit grâce et ordonna de changer le nom
de l'île de Gok Khsac en Cau Riem.
L’Uparaja laotien se sauva, passa à terre et reourna dans son pays en emmenant avec lui quelques soldats.
Le Braek prit alors le nom de braek pasabva et ce jusqu’à nos jours. Le combat eut à Chlun. (ce lieu est peu probable. Un preak homonyme se situant plus en aval dans la province de Kandal près de Phnom Penh est à privilégier : cf article plus récent de ce blog )
L’Uparaja laotien se sauva, passa à terre et reourna dans son pays en emmenant avec lui quelques soldats.
Le Braek prit alors le nom de braek pasabva et ce jusqu’à nos jours. Le combat eut à Chlun. (ce lieu est peu probable. Un preak homonyme se situant plus en aval dans la province de Kandal près de Phnom Penh est à privilégier : cf article plus récent de ce blog )
Quand
au roi du Laos, il conduisit son armée de terre jusqu’à la province de Kamban
Svay. Ses soldats étaient harassés de fatigue car ils avaient marché jour et
nuit. Ayant vu arriver l’armée laotienne, une patrouille khmère s’en alla
informer sa Majesté la priant de prendre connaissance.
Le
roi dit :
« Les
laotiens ont deux points faibles : d’une part leur armée a été forcée de
marcher jour et nuit sans se reposer, d’autre part ils viennent sur notre
terrain ; ils périront à coup sûr. »
Alors
sa Majesté chargea l’Ukna Cakri de prendre 5000 hommes et de les dissimuler
près de la route et à gauche. L’Ukna Bhinut Vahsa fut chargé de conduire 50000
hommes et de les dissimuler à droite. Puis le roi chargea un serviteur d’aller
dire à Brah Sri Suriyobarna, son fils, qu’il se tint prêt à attaquer l’ennemi
par derrière. L’armée laotienne continua son chemin, sans se tenir sur ses
gardes. Alors Brah Sri Suriyobarna conduisit son armée et vint attaquer au
sabre l’armée laotienne par derrière. L’armée laotienne s’enfuit, se dispersa
dans une déroute complète. Elle rencontra les armées de l’Ukna Cakri et de l’Ukna
Bhinut Vansa ; les deux ministres à la tête de leur armée attaquèrent au
sabre à gauche et à droite. L’armée du roi combattit de front, se joignant aux
autres ; tous frappèrent pêle-mêle. Un très grand nombre de soldats
laotiens furent tués. Les cadavres emplirent la forêt, quelques soldats, en
déroute, s’enfuirent n’importe où.
Le
roi du Laos monta sur son éléphant,sa noble monture, avec 5000 soldats. Il
combattit pour trouver une issue et retourner dans son pays. L’armée khmère
avat capturé plus de 10000 prisonniers de guerre laotiens, et beaucoup d’éléphants,
de chevaux et d’armes. Sa majesté ordonna à l’Ukna Cakri de conduire 2500
soldats à la poursuite du roi du Laos ; n’ayant pu l’atteindre ils
revinrent.
Sa
Majesté récompensa les chefs d’armée suivant les services rendus. Quant à ses
deux fils, il daigna leur accorder de se faire porter sur des chaises à
porteurs précédés par 8 soldats tenant un fouet à la main. Sa Majesté nomma le
Luon Bhakti Anjit Sri, Ukha Sraen Khan Hva lequel s’occuperait des prisonniers
de guerre laotiens de la province de Paray. Puis le roi retourna dans sa ville.