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mardi 10 octobre 2017

1641 - Voyage du hollandais Wusthoff vers le Laos : Chhlong célèbre pour son poivre !

Extrait du voyage de Wusthoff retranscrit par Francis Garnier "Voyage lointain aux Royaumes de Cambodge et de Laouwen par les Neerlandais et ce qui s'y est passé jusqu'en 1644" complété de ce qu'en dit Mak Phoeun dans son " histoire du Cambodge de la fin du XVIe siècle au début du XVIIIe" .

1641 : Chhlong et sa région y apparaissent célèbre pour le poivre au point de recevoir la visite du roi tous les ans

Aout 1641 :
Nous faisions par jour 4, 5, et même 6 milles. Le 1er aout, nous nous arrêtâmes vis-à-vis les hautes montagnes de Schanton, situées à l'ouest du fleuve.
Note de Garnier : Ce sont des collines boisées qui bordent la rive droite, et qui portent aujourd'hui -1868..- en cambodgien le nom de Pnom Hanchey. En sortant d'un pays aussi plat que le delta du Cambodge (nom à cet époque du fleuve Mékong), le moindre accident de terrain parait une montagne
Note de Mak Phoeun : Alors que Francis Garnier identifie ce toponyme à Phnom Hanchei (cf. Francis Garnier, op.cit., sept.-oct. 1871, p. 253, n. 7), Paul Lévy pense qu'il s'agit du rebord du plateau de Chamcar Loeu (cf. Paul Lévy, op. cit., 1986, p. 53), qui commence en fait, sur la rive droite du Tonlé Thom, à la même hauteur que la ville de Kampong Cham, cf. la carte « Relief et inondation » dans Jean Delvert,op. cit., 1961).

Le côté cochinchinois du fleuve était assez peuplé,
Note de Garnier : la rive orientale ou rive gauche

la campagne bien cultivée en coton et en arbres à fruits appelés manguiers.  
Note de Mak Phoeun : Cf. Jean-Claude Lejosne, op. cit., 1986, p. 100. P. Casteleyn, qui édita le premier le journal de G. Van Wuysthoff, ajoute que la région était également riche en « belles plantations de manguiers » (cf. ibid., p. 108, n. 4 ; cf. aussi Francis Garnier, op. cit., sept.-oct. 1871, p. 253).

Nous ne tardâmes pas à passer aussi devant la haute montagne de Pan Cangy
Mak Phoeun l'écrit  Phan Kanghy
Note de Garnier : Autre groupe de collines à partir desquelles le fleuve cesse momentanément de se diriger vers le nord et fait un coude considérable à l'ouest.).
Note de Mak Phoeun : Francis Garnier pense à « l'autre groupe de collines à partir desquelles le fleuve cesse momentanément de se diriger vers le nord et fait un coude considérable à l'ouest » (cf. Francis Garnier, op. cit., sept.-oct. 1871, p. 253, n. 9), mais d'autres auteurs pensent plutôt au Phnom Hanchei (cf. Antoine Cabaton, op. cit., 1919, p. 606 ; Paul Lévy, op. cit., 1986, p. 53-54 ; ce dernier auteur n'exclut pas que ce toponyme puisse aussi désigner le Phnom Chi).

 Dans la nuit du 3 (aout 1641), nous couchâmes auprès d'une grande pagode cambodgienne. Nous nous trouvâmes près de l'embouchure d'une rivière qui arrose la province du Cambodge, qui fournit le poivre, et pour ce motif, le roi va visiter tous les ans.
Note de Garnier : Ce sont les rivières de Tchelang et la province de Tbhaung Khmum situées sur la rive gauche du fleuve
Note de Mak Phoeun : territoire de Chiloim (Chhlong)

Le 5 , nous passâmes devant la négrerie de Simpouw, non loin d'un petit bourg d'où viennent toutes les nattes du Cambodge, et nous atteignîmes Sombock et Sombaboer ( notes de Garnier : Samboc et Sambor..)

Mak Phoeun dans son histoire du Cambodge de la fin du XVIe siècle au début du XVIIIe complète cette relation de voyage ainsi pour la journée du 5 aout 1641:
Deux jours plus tard, le 5 août, il dépasse le territoire de Simpoe ou Simpouw (?) où sont implantées une quarantaine de maisons habitées par des Chinois, puis atteint un village proche de Wastwert  
 Note de Mak Phoeun : Antoine Cabaton pense à Kantuot (cf. Antoine Cabaton, op. cit., 1919, p. 606), situé un peu au-dessous de Kratié d'après la carte du Cambodge publiée par Auguste Pavie (cf. Auguste Pavie, Mission Pavie. Indo-Chine. Atlas. Notices et cartes, Paris, Challamel, 1903, pl. III).

producteur de nattes cambodgiennes « tressées à partir de bandes coupées dans les feuilles de palmier nipa »
Note de Mak Phoeun : Nattes appelées « cadjanqs » (cf. Jean-Claude Lejosne, op. cit., 1986, p. 100 & 230). Toute cette région - surtout Kanhchor, sur les deux rives du Tonlé Thom - est productrice de palmiers dits drāṃṅ/treang (Corypha Lecomtei Becc.). Les Cambodgiens traitent leurs palmes qui sont utilisées sous forme d'olles pour la confection de manuscrits. Ces palmes de drāṃṅ/treang sont aussi utilisées comme matériau de construction (toits, murs), et pour confectionner nattes et sacs (cf. Etienne Aymonier, Géographie du Cambodge, 1876, p. 31). Sur le drāṃṅ, cf. Marie A. Martin, Introduction à l'ethnobotanique du Cambodge, Paris, Ed. du CNRS, 1971, p. 174.

et vers 3 heures de l'après-midi, la localité de Sombocq ou Sombock (Sambok ou Samboc).)

Le lendemain 6 août, à 2 heures de l'après-midi, il parvint à Sambabour ou Sombaboer (Sambaur) - l'ancien Sambhupura - où l'attendaient ses assistants et d'autres membres du voyage partis avant lui de la loge de la VOC.

G. Van Wuysthoff resta avec ses compagnons de voyage quatre jours à Sambaur, ce
qui lui permit de se renseigner sur cette localité, sur Sambok, sur l'intérieur du pays,
ainsi que sur les possibilités commerciales de la région.