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mardi 29 octobre 2019

1885 - L'insurrection partie 11 : le mouvement s'étend, premières milices locales

M. Pavie dans « Géographie et voyage » fait état de ce mouvement, de ce qu’il a vu alors et des mesures prises dont les actions dont il fut chargée en 1885 :

Le fait, que les premiers résidents, installés à la suite du traité du 17 juin 1884, arrivèrent au Cambodge avec un personnel recruté en Cochinchine : depuis les interprètes jusqu'aux miliciens, affecta les populations cambodgiennes dont l'aversion était connue pour les Annamites qui, de leur côté, les jugeaient avec une inconcevable légèreté et leur témoignaient mépris et dédain. Il contribua à faire écouter les fauteurs des désordres qui montraient nos fonctionnaires comme séparés des chefs et du peuple par un entourage détesté.
Ainsi à Prey Veng, sur la rive gauche du Mékhong, un chef d'arrondissement se considérant comme molesté par les agents annamites du résident français, l'attaqua avec ses gens la nuit lorsqu'il venait pour l'arrêter, tua quatorze de ses miliciens annamites, le réduisit à s'échapper presque seul et se retira ensuite dans les bois. Une colonne militaire arriva sur les lieux, se livra à des représailles, détruisit, des temples et des villages: la population s'enfuit. Elle devait rester plusieurs mois errante dans la plus grande détresse.
Alors d'autres chefs qui n'avaient pas de prétexte personnel de mécontentement se levèrent isolément dans différentes parties du pays. Ils laissaient entendre que de hautes personnalités cambodgiennes les avaient mis debout ou les encourageaient. On savait par ailleurs que les fonctionnaires, restés fidèles aux français, étaient l'objet des sarcasmes ou des menaces de vengeance de personnes de la cour de Phnom-Penh. Les troubles prirent un caractère grave.
Le prince Duong-Chacr, fils préféré du roi, s'était fait remarquer par son attitude hostile au cours de ces événements. Plus tard, en 1892 en exil en Algérie, alors qu’il était réfugié à Bangkok où M. Pavie représentait la France, il l'entretint souvent de cette période malheureuse. Il lui montra une confusion, un regret et un dépit qui lui parurent véritablement désespérés de n'avoir pas su remplir alors un rôle différent.
L a nécessité s'étant montrée urgente, d'organiser des milices locales pour remplacer les Annamites, el le Protectorat n'ayant pas d'hommes préparés pour ce métier, M. Pavie proposa les chefs et les ouvriers de son équipe télégraphique. Des instructeurs français et annamites les préparèrent, puis on nomma les uns sergents et les plus intelligents des autres: caporaux. Un noyau de milice ayant une certaine cohésion se trouvant ainsi formé, il n'y eut plus qu'à encadrer des volontaires.
M. Pavie s'attacha à faire prévaloir de toute son énergie les idées de modération à l'égard de populations qui obéissaient résignées à leurs chefs, et souvent, ne comprenaient pas que, dans la répression, on ne leur tînt pas compte de ce qu'elles ne croyaient pas pouvoir se conduire autrement.